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3 mars 2011

2 mars 2011- Rencontre Actualité à propos de la révolution du jasmin en Tunisie et de ses suites

 

Mercredi 2 mars 2011 nous avons reçu Monique Cerisier ben Guiga, sénatrice, représentante des Français établis hors de France  ainsi que Martine Djedidi, conseillère à l’Assemblée des Français de l’Etranger. Toutes les deux sont membres de l’association « Français du Monde-ADFE »

 

 

 

Madame Cerisier ben Guiga nous a permis de mieux comprendre la situation actuelle de la Tunisie et le contexte dans lequel est née la révolution qui se déroule en ce moment.

 

 

Madame la Sénatrice commence en nous présentant la réalité géographique du pays et les différences entre les  populations qui habitent sur la côte et celles qui vivent dans l’intérieur de la Tunisie (qui fonctionnent toujours en structure tribale).

 

 

Elle reprend  ensuite ce qui a été l’élément déclencheur : le suicide par le feu d’un jeune homme après avoir été giflé publiquement par une policière et que le tribunal ait décidé de confisquer le matériel lui permettant de gagner sa vie. Mme ben Guiga souligne qu’un suicide qui plus est une immolation par le feu est une véritable transgression des règles de la société.

 

Il est important de noter qu’aux revendications sociales s’ajoutent des revendications de dignité d’une population humiliée par le régime politique.

 

Evénement révélateur dans un pays où le chômage des jeunes est estimé à 45 %.

 

 

Elle s’est ensuite attachée à montrer pourquoi la Tunisie a été le premier pays à bouger dans cette zone.

 

·         Entre 1956 et 1975 un gros effort pour alphabétiser et former les jeunes (30% du budget national). Une jeunesse formée mais qui se retrouve sans emploi et revendique de pouvoir gagner sa vie. En 2010 : 67,5% de la population a moins de 40 ans (65% en 2000, prévision pour 2010 : 61%).

 

·          Un problème démographique : depuis des années  un indice de fécondité qui a baissé jusqu’à devenir semblable à celui de la France. Aujourd’hui les familles ont un ou deux enfants, plus rarement trois et sont en capacité, au prix de gros efforts, de leur permettre d’accéder à une formation.

 

·         Emancipation des femmes (qui a démarré au début du 20ème siècle dans les villes et sur la côte) acceptée par la population ; instruction des filles.

 

 

La révolte a démarrée dans les régions les plus pauvres à l’intérieur du pays, partant des classes populaires de  l’intérieur, puis est devenue révolution nationale en rejoignant les attentes de jeunes de familles des classes moyennes plus aisées ne trouvant pas de travail non plus ou dont les initiatives étaient récupérées par le clan Ben Ali.

 

 

Mme ben Guiga explique qu’une révolution arrive dans un pays qui est en voie de développement. S’ajoutent pour la Tunisie la captation des richesses par la famille ben Ali + la crise économique mondiale.

 

 

La Tunisie a la « chance » de ne pas avoir de pétrole, elle a donc développé l’industrie et connaît une croissance économique.

 

La Tunisie est un vieux pays qui a à peu près les mêmes frontières depuis 3000 ans.  

 

L’avenir est incertain car il va falloir du temps pour que les jeunes, formés théoriquement mais sans pratique concrète, puissent investir leurs capacités et produire de la richesse.

 

 

A une question posée sur le lien avec l’aspect religieux, Madame Cerisier ben Guiga  signale que les jeunes tunisiens font partie d’une génération « post-islamique ».

 

Le désir d’un  gouvernement lié à la religion musulmane est dépassé. Les jeunes sont musulmans croyants ou par tradition. On respecte le ramadan. Mais ils n’ont aucune envie de vivre comme en Arabie Saoudite ou en Iran.

 

La Tunisie n’est pas un pays laïc, l’Islam est religion d’Etat. Il faut savoir que Ben Ali avait confié la justice et l’éducation aux islamistes.

 

 

Le rôle de l’armée :

 

Tunisie : tenue à l’écart du pouvoir - n’a pas de gros moyens. Ben Ali était de la Police (Renseignements)

 

Egypte : la base du pouvoir c’est l’armée. Aujourd’hui c’est toujours l’armée qui a le pouvoir. Le régime égyptien n’a pas changé.

 

 

Madame Martine Djedidi, qui arrive de Tunisie, donne quelques éléments sur la situation concrète actuelle : situation sanitaire déplorable, administration démobilisée, afflux de réfugiés arrivant de Lybie (environ 75 000 personnes coincées à la frontière tuniso-libyenne), manque d’aliments.

 

 

Enfin les intervenantes soulignent  l’absence d’élites politiques chez les Tunisiens qui ont entre 30 et 50 ans en raison de l’interdiction de toute vie politique. Actuellement on fait appel à des personnes très âgées qui n’ont été compromises avec le clan Ben Ali. Mais il manque des plus jeunes pour prendre le relai. Cette situation est inquiétante et demandera du temps pour évoluer.

 

Rapide compte rendu rédigé à partir des notes prises par Jean Minguet et par Isabelle Chardonnet

 

Ce CR sous format papier : PaVRencontreTunisie02032011 

 

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31 octobre 2010

Jeudi 18 novembre : rencontre avec Jacques Souriau, spécialiste du langage des signes.

 

Communiquer ? Avec quels sens ? Comment communiquent ceux et celles qui n'ont pas à leur disposition les 5 sens et comment être en communication avec eux ? Que cette(ces) privation(s) nous apprend(nent)-elle(s) ?   

Jacques Souriau - spécialiste du langage des signes et de la surdi-cécité - voudrait nous montrer combien, au-delà des recherches et des applications utilisées par les sourds et les sourds-aveugles pour communiquer,  l’utilisation des gestes dans la communication humaine est importante et produit du sens. Sa présentation s’appuiera sur des documents vidéo et des exemples tirés de sa pratique de plusieurs décennies avec les sourds et les sourds-aveugles.

 

Si vous souhaitez découvrir ou approfondir ces questions avant notre rencontre du 18 novembre, vous trouverez en cliquant sur le lien ci-après une "présentation" de tout ce que fait Jacques Souriau écrite par lui-même : LaSurdi_CeciteJSouriau

 

 

MiracleEnAlabama

 

Plus précisément sur la surdi-cécité, quelle est son histoire ? Où est née cette recherche ? Ici, une remontée aux origines pour revenir jusqu'à aujourd'hui avec Helen Keller, la petite fille sourde et aveugle née aux Etats-Unis en 1880 et dont l'histoire a fait l'objet du film Miracle en Alabama (1962). Sur ce lien : HistoireHelenKeller

 

Black3

La surdi-cécité également au coeur d'un film plus récent, et sans doute moins connu : Black, de Sanjay Leela Bhansali (2006).

 

N'hésitez pas à partager d'autres idées, liens... et à réagir, dès à présent poser des questions, etc.

Et surtout, soyez bien sûrs que chacun(e) est le(la) bienvenu(e) !

Cette rencontre est le 18 novembre !

A très bientôt,

13 septembre 2010

Saturnisme : rencontre avec un témoin engagé

Mardi 5 octobre : Nous recevons Patrick MONY , président de l’AFVS (Association des Familles Victimes du Saturnisme).

 

saturnisme3

 

Le saturnisme est une maladie très grave qui touche particulièrement les familles modestes. C’est une maladie le plus souvent ignorée des pouvoirs publics et du grand public et qui fait des ravages en France.  Vous pouvez en savoir plus sur cette association et son combat en allant sur son site (lien colonne de gauche)

Patrick Mony nous présentera l’action de son association à partir d’un documentaire : « Du plomb dans la tête ».

 

L’AFVS est membre du CISS (Collectif interassociatif sur la santé) qui représente depuis près de 15 ans les intérêts communs à tous les usagers du système de santé et œuvre pour un accès de tous à des soins de qualité.

 

19h30- 21h30, 20, rue Pirandello 75013 Paris

 

Afvs_logo_150x150 Invitez largement et en vous espérant très nombreux.

A très bientôt !

6 juin 2010

Gaza : rencontre avec Bernard Heilbronn le 4 mai 2010

Bertrand Heilbronn se présente : président de l’Association Evry-Palestine, association de soutien à la Palestine et aussi de témoignage direct. Ingénieur, avec un jumelage concernant l’électricité, occasion de commencer à s’intéresser à la Palestine, parrainage d’un enfant palestinien avec son épouse.
Juif athée ; la religion est mise à toutes les sauces, alors que le vrai problème est celui des droits nationaux.

Quelques repères géo-politiques :
1993 : politique de règlement partiel
2000 : Camp David (qui n’a pas abouti)
fin 2000 : deuxième Intifada suite à une provocation de Sharon – Enfermement de Yasser Arafat dans Ramalah.
2004 : mort d’Arafat ; Mahmoud Abbas, président
2006 : Hamas à Gaza.
2009 : Coup de force sur Gaza et bouclage total de la bande de Gaza.

Colonisation :
C’est massif : 500 000 personnes. Cela a commencé dès après les accords d’Oslo.
Ils arrivent d’abord en caravanes, puis construisent en dur sur les collines.
Ce sont des villes nouvelles avec des routes d’accès réservées, avec bientôt un tram pour les relier !
Cette situation crée une vie impossible pour les Palestiniens.
Ajouter les « routes sécurisées », le mur !
Jérusalem a été annexée de fait en 1980.
C’est une colonisation « militante », par ex : à Hébron, elle est le fait de 400 colons hypermilitants.
Colonisation par le haut, par les terrasses que l’armée protège.
Aussi le contrôle de l’eau.

Par rapport à cela, l’Etat israëlien n’a jamais indiqué ses frontières !


Gaza :
En novembre dernier (2009) notre association a pu passer grâce au Conseil Général de l’Essonne.
Gaza, c’est 70% de réfugiés, une bande de terre de 10 km de large sur 60 de long !
En blocus depuis 2007, l’industrie du meuble (par ex.) a du s’arrêter.
Il y avait 300 000 travailleurs qui allaient travailler en Israël. Arrêt du jour au lendemain ! d’où importation de main d’œuvre thai.

Les seules relations, ce sont les prisons, les affrontements avec l’armée…
Dans le Nord de Gaza, ne passent que quelques diplomates, membres d’ONG, ou quelques malades, alors que les promesses existent d’un passage entre Gaza et la Cisjordanie.
Le port prévu n’a jamais été fait
; la mer est bouclée, seulement 4 km autorisé pour la pêche ! L’aéroport est complètement détruit.
Seul accès, les tunnels au Sud en direction de l’Egypte. C’est toute une économie souterraine.
La population est soutenue par l’ONU, avec l’aide alimentaire et l’éducation (UNWRA), travail de grande qualité.

Les destructions ont été terribles ; ce qui a été le plus visé, c’est la classe sociale la plus à même de faire des liens (zones d’activité, école américaine…)
Malgré tout, il y a une formidable envie de vivre ; l’école fonctionne, sauf l’école primaire. Camp d’été où se réalise tout un travail éducatif.
Une culture de centres de loisirs, avec des idéaux de liberté, de respect de l’autre ; tout cela grâce à un réseau d’animateurs qui survit bien dans le cadre de l’UNWRA ; expression artistique très développée.
A l’Hôpital AlQods, ce sont de véritables artistes professionnels de qualité.

Projets :
projet d’électricité ; projets culturels et sportifs ; animation.
Avec une ONG, « le Parc agricole », symboliquement fort.
Projets artistiques, ludothèque, expressions…

Il semble important de rompre avec les images d’Epinal. C’est un peuple très évolué, très éduqué ; il y a aussi une dynamique économique très forte.
Education est au cœur de la résistance. Culture forte, artistique.
De nouvelles formes de résistance, non-violentes (ex : à Bilin, près du mur) qui ne dépendent ni du Fatah, ni du Hamas.

Ils ont énormément de ressort : Allez-y !


2 mars 2010

4 mai 2010: témoignage sur la situation en Palestine de Bertrand Heilbronn, président de l'Association Evry-Palestine

A noter sur les agendas dès à présent: la soirée du mardi 4 mai 2010 dans nos locaux : 20, rue Pirandello 75013 Paris.

Vous aviez été nombreux, lors de notre opération Portes Ouvertes du 9 octobre 2009, à souhaiter qu'une soirée de Paroles A Venir soit consacrée à la situation en Palestine.

Nous sommes heureux de pouvoir répondre à cette attente: le mardi 4 mai 2010, (de 19h30 à 21h30), Bertrand Heilbronn, président de l’Association « Evry-Palestine », témoignera de la situation en Palestine en s’appuyant sur son expérience et celle de son Association : « Lors de la soirée du 4 mai, je souhaiterais casser quelques images toutes faites, partir de ce que j’ai vu et des personnes que j’ai rencontrées, mais aussi insister sur le caractère central du conflit israëlo-palestinien et sur la responsabilité des pays européens. Je compte aborder les thèmes suivants: la colonisation et le mur, Gaza, la volonté de culture et d’éducation, la résistance populaire non violente ».

Pour celles et ceux qui souhaitent se préparer à venir à cette soirée, Bertrand Heilbronn propose de consulter les documents suivants :

- les 20 dates clés du conflit israélo-palestinien par Dominique Vidal (sur le site de l'AFPS, www.france-palestine.org) pour ceux qui veulent des références historiques;
- un "4 pages" de témoignage que l’Association Evry-Palestine a fait en novembre 2009 à son retour de Gaza (http://www.evrypalestine.org/fichiers/4pages_Gaza_2009_EvryPalestine.pdf);
- le site de l'OCHA-OPT (organisation des Nations Unies pour les Droits de l'Homme dans les Territoires Occupés http://www.ochaopt.org) et les cartes du Mur sur ce site;
- des sites d'organisations pacifistes israéliennes, l'historique de la résistance populaire non violente du village de Bil'In http://www.bilin-village.org/francais/decouvrir-bilin/.

 

Et bien sûr le site de l’Association Evry-Palestine : http://www.evrypalestine.org/

 

Si vous avez des attentes complémentaires pour cette soirée, merci de nous en informer en postant un commentaire à ce message ou en nous envoyant un mail. Merci !

Le 4 mai 2010 à 19h30. N'hésitez pas et à bientôt peut-être !

Bureau de Paroles A Venir

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11 février 2010

Compte rendu de la soirée "Le monde et l'Eglise vu du Vatican" avec Isabelle de Gaulmyn

Le monde et l’Eglise vu du Vatican (soirée "Paroles A Venir" du 2 février 2010)

CSC_0310_1Pour cette soirée de notre Association « Paroles A Venir », Isabelle de Gaulmyn, responsable du domaine religieux au journal « La Croix », constituait un témoin éclairé des rapports entre la France et le Vatican ; en effet, elle a été envoyée permanente de La Croix au Vatican de 2005 à 2009. Elle s’est donc proposé de s’appuyer sur son expérience pour « rendre compte de l’Eglise universelle », et pour montrer que les questions touchant au pape et au Vatican – objet fréquent de débats enflammés dans les médias et dans l’opinion - nécessitent d’être abordées dans leur complexité.
Pour elle, une telle démarche est d’autant plus nécessaire que beaucoup repose sur un double malentendu : ce qu’on pense en France du Vatican, et ce qu’on pense de la France vu du Vatican.

SSC_0316_2Concernant le premier malentendu, il est d’abord essentiel de bien voir que le Vatican n’est pas du tout monolithique comme on le croit trop souvent. Des influences multiples s’y exercent, et les courants qui l’emportent varient selon les sujets et dans le temps. La parution d’un texte attribué au pape résulte du concours de nombreux acteurs, avec un fonctionnement pluriel du fait de la multiplicité des cercles influents : Secrétairerie d’Etat (« la garde rapprochée »), congrégations romaines et conseils pontificaux (que l’on peut comparer aux ministères d’un gouvernement), académies pontificales, universités pontificales, sans oublier le cercle influent constitué par les nombreux ordres religieux qui ont leur maison mère à Rome et qui de ce fait viennent souvent plaider une cause au Vatican (Jésuites, Dominicains, Opus Dei, etc.). Cette profusion d’instances se traduit par un mouvement permanent qui pousse à ce que Rome soit une véritable plateforme de l’Eglise universelle et pas la position du seul pape.

CSC_0311_6Par ailleurs, travailler à Rome rend conscient du décalage énorme qui existe entre l’image d’un pape vu comme tout puissant et la réalité d’une structure du Vatican « petite et fragile ». Les 3000 « fonctionnaires » du Vatican sont en fait peu nombreux face à la tâche immense de représenter l’ensemble du monde catholique ; par exemple, la structure de communication repose sur un jésuite aidé d’une quinzaine de personnes sans formation réelle en communication, ce qui n’est pas en mesure avec l’écho considérable donné aux moindres paroles du pape sur certains sujets.

Le Vatican dispose donc de très peu de moyens, mais on y trouve des gens de bonne volonté. Il remédie à ces ressources peu étoffées en fonctionnant selon une logique de subsidiarité qui s’appuie sur les Eglises locales des pays. Malheureusement, ceci n’est pas facilité par le fait que des instances telles que la Secrétairerie d’Etat et la Curie sont en pratique dans un grand isolement par rapport aux Eglises locales : ceux qui y oeuvrent vivent dans un monde très clos, sortent rarement du Vatican et ceci depuis bien des années, et leur vision du monde ne reflète donc plus la réalité. On pensait que Benoît XVI allait réformer la Curie, notamment pour y limiter le temps de résidence, mais il ne l’a pas fait et est sans doute maintenant trop âgé pour le faire.

En miroir, l’Eglise de France paraît perçue par Rome dans un total malentendu, avec beaucoup de clichés.
SSC_031783Pour apprécier l’état des Eglise locales, le Vatican s’appuie sur le suivi de statistiques détaillées. Or il se trouve que les critères d’appréciation sont peu favorables pour la France, quand ils mettent en évidence les baisses conjuguées des nombres de prêtres et de séminaristes, du rôle de la langue française (qui était la langue de la diplomatie du Vatican), et du nombre de prêtres français travaillant au Vatican.

Cette vision négative de la France est à l’occasion aggravée par des faits touchant aux façons différentes dont les peuples rendent compte d’eux-mêmes, de par leur propre culture : ainsi, lorsqu’un sondage révèle que la moitié des Français seulement disent croire en Dieu, alors qu’en Italie tout le monde déclare croire en Dieu même si dans la réalité la situation est assez analogue. Ou lorsque dans un autre sondage les Français disent n’avoir aucune culture biblique (alors que le même sondage révèle dans les faits chez les pratiquants une culture biblique beaucoup plus poussée en France qu’en Italie).
SSC_0314_4

La vision de l’Eglise de France depuis Rome paraît donc fondée pour beaucoup sur des clichés (les évêques français sont allés dans le mur… on a fait n’importe quoi… mai 68…). Des clichés qui sont malencontreusement accentués par la spécificité toute française du phénomène traditionaliste et/ou intégriste ; d’autant que s’il y a peu de prêtres français au Vatican, on y trouve une proportion bien plus grande de traditionalistes que pour les autres pays ; souvent ayant été ordonnés hors de France et ayant vécu hors de notre pays, ils en connaissent mal la situation réelle et ne peuvent donc pas la faire bien connaître du Vatican. « Certains Français du Vatican peuvent même être assez revanchards et virulents contre l’Eglise de France ».

A l’encontre de cette vision négative du Vatican, Isabelle de Gaulmyn dit que ce qui l’a frappé à son retour en France est que l’Eglise y est très vivante. Du fait que seuls 50% des Français se disent catholiques et 5% pratiquants réguliers, l’Eglise de France a pris acte du fait qu’elle est minoritaire et s’est appuyée sur ce constat réaliste pour avancer ; les travaux de Mgr Dagens sur la sécularisation sont d’ailleurs source SSC_0315_5d’inspiration en Allemagne et en Italie. De grandes innovations sont en cours, avec la mise en place de secteurs paroissiaux et de communautés chrétiennes de base, avec des laïcs qui prennent les choses en main et qui se forment, à un stade très en avance sur les autres pays. Pour Isabelle de Gaulmyn, l’Eglise de France est un laboratoire de l’Eglise en Europe, et c’est cette image juste qu’il faut arriver à renvoyer au Vatican. Bien sûr, les médias ont une certaine responsabilité dans les clichés véhiculés sur l’Eglise de France, dans la mesure où ils fondent leur vision sur la personnalisation, et trouvent plus facile de suivre une personne – le pape – que de rendre compte de la diversité des évêques ; heureusement, sur ce plan, Benoît XVI s’efforce de concentrer moins l’attention sur lui que son prédécesseur. Mais il faut aussi que les catholiques français fassent de gros efforts pour renvoyer une image reflétant bien la situation française réelle. Il est très douloureux pour l’Eglise de France et pour les catholiques français de voir que l’image qu’on leur renvoie d’eux est souvent celle de l’intolérance, alors qu’ils vivent concrètement le contraire.
Il y a donc un travail à faire dans l’Eglise de France, avec un besoin de passeurs et de mise en lumière. Plus que les médias, c’est l’Eglise de France qui communique mal sur ce qu’elle vit.
Et, sur le fond, conclut Isabelle de Gaulmyn, il faut continuer le travail fait pour passer de la foi culturelle qui avait cours à une foi de conviction.

Jean-Michel Tesseron (pour le Bureau de Paroles A Venir)

28 janvier 2010

Soirée du 2 février 2010 "Le monde et l'Eglise vu du Vatican", avec pour témoin Isabelle de Gaulmyn

 

A noter spécialement : notre prochaine rencontre avec Isabelle de Gaulmyn, journaliste à La Croix et lonI_de_Gaulmyngtemps envoyée permanente de ce journal au Vatican. Nous pourrons écouter son témoignage et échanger sur ce lieu de passages et de brassages qu’est le plus petit Etat du Monde et où elle a vécu durant 5 ans.

Une rencontre bien sûr ouverte à tous, croyants ou non, dans notre local :

Mardi 2 Février 2010, 19h30-21h30, 20, rue Pirandello 75013 Paris

Pour en savoir plus, et pour se préparer à cette rencontre, en consultant le blog d’Isabelle de Gaulmyn et celui de l’actuel envoyé permanent du journal La Croix au Vatican, voir l’invitation suivante à la soirée Paroles A Venir du 2 février 2010 : invitation_soiree_I_de_Gaulmyn

 

 

21 janvier 2010

Compte rendu de la soirée "Elections régionales" avec Loïc Gandais

Soirée « Elections régionales » avec Loïc Gandais (20 janvier 2010)

Les élections régionales vont se tenir très prochainement (les 14 et 21 mars), mais qu’en dit-on à la télévision et dans les journaux ? De temps à autre, un scoop médiatique sur tel ou tel candidat, mais, sur le fond, pas grand-chose.

 

Gandais1Pour voir plus clair sur les enjeux de ces élections, et en débattre, Paroles A Venir avait invité le 20 janvier Loïc Gandais, qui travaille au Conseil Régional de la région Ile de France, à la Direction du Logement.

 

Loïc Gandais a commencé par rappeler l’enjeu de départ historique de la décentralisation. Celle-ci, qui remonte à 40 ans avec De Gaulle, partait du double pari qu’il y avait place en France pour une responsabilité régionale et que le peuple français était désormais mûr pour s’approprier la question, sans risque de division outrancière et de perte de l’identité nationale. Dans les faits, l’autonomie donnée aux régions a été beaucoup moins grande que ce qui s’est fait dans des pays comme l’Allemagne et l’Angleterre, avec pour la France un rôle accordé aux régions qui est plutôt de style redistributif ; ainsi, les régions en France n’ont pas la possibilité de modifier leur niveau de ressources en créant de nouvelles recettes, ce qui les pousse à fonctionner dans une logique de gestion et de management.

 

Il a fallu attendre 1982/1983 pour que la décentralisation prenne vraiment corps. VuSSC_0303 d’aujourd’hui, on peut cependant estimer qu’elle a réussi à développer des marges de manœuvre intéressantes, mais sans implication forte du citoyen. Il en résulte un certain désintéressement pour les élections ; le taux d’abstention attendu pour les prochaines élections serait de l’ordre de 49%. Ceci traduit une relative faillite de la démocratie représentative.
C’est donc un véritable enjeu que de faire en sorte que les citoyens s’investissent davantage dans la dimension régionale. Il concerne aussi le mode de fonctionnement des élus : alors qu’au départ on souhaitait des assemblées régionales qui délibèrent, n’a-t-on pas souvent un fonctionnement fondé sur le pouvoir de chefs de file qui ont tendance à reproduire au niveau régional le mode de fonctionnement régalien donné en exemple (si l’on peut dire !) par le niveau national ?

Gandais3Pourtant, Loïc Gandais a souligné qu’il y avait eu des avancées notables par la régionalisation, depuis 1986 où pour la première fois le premier vote qui remonte à 1986 (voir en fin de ce compte rendu le lien informatique pour en savoir plus sur les grandes dates de la région Ile de France).Cependant, la situation n’est pas simple, car la région n’est qu’une partie d’un véritable « millefeuille institutionnel », dont les autres couches sont nombreuses : Europe, Etat, département, EPCI (système volontariste permettant aux communes de s’associer dans le cadre d’une communauté d’agglomérations), communes, etc. Comme l’a dit Daniel Béhar, « ceci signifie que l’on ne peut être sûr de l’impact d’une décision ; on agit à un endroit, les effets se ressentent ailleurs ». Loïc Gandais souligne que le millefeuille est encore plus complexe pour la région Ile de France, avec en particulier le rôle spécifique de Paris, et le projet du Grand Paris.

Gandais4

D’autre part, plusieurs projets de loi sont en cours d’examen, qui une fois votés changeront notablement la donne : sur la réforme des collectivités territoriales, sur la concomitance des renouvellements des conseils généraux et régionaux, sur l’élection des conseillers territoriaux et le renforcement de la démocratie locale, sur l’élection des membres des conseils des collectivités territoriales et des établissements publics de coopération intercommunale... Ainsi, savez-vous qu’il est prévu un changement important à partir de 2014, avec fusion de niveaux et création de conseillers territoriaux en remplacement des conseillers généraux et régionaux ? avec un risque que les élus, qui ne seront plus par ailleurs en fonction que 4 ans, se concentrent sur le département au détriment de la région.

Gandais5Loïc Gandais s’est attaché plus spécialement à décrire les spécificités de la région Ile de France, qui sont très grandes. Elle rassemble 11 Millions de personnes sur seulement 2% du territoire métropolitain, avec 30% du PIB, 20% de la richesse consommée sur le territoire, 30% des cadres français, et 40% de l’immigration. Globalement, cette région produit une très grande richesse, mais la richesse n’est pas consommée sur place, et l’on a richesse sans prospérité ; « la redistribution ne se fait pas, ne permettant pas aux plus pauvres de récupérer les miettes des plus riches » ; avec des situations extrêmes, à quelques kilomètres de distance, entre les personnes les plus pauvres et les plus riches, entre les villes favorisées et les quartiers en difficulté.
A cela s’ajoutent des problèmes de plus en plus difficiles à traiter, et notamment, pour Paris et l’Ile de France, le phénomène urbain de la métropolisation, par lequel les grandes métropoles entrent en concurrence au niveau international

Tous ces problèmes de plus en plus ardus posent la question des compétences du personnel politique qui va avoir à les traiter, en termes de vision et de compréhension non seulement du niveau local mais du monde. Est-ce bien compatible avec un mandat qui va passer de 6 ans à 4 ans ? Le débat qui a terminé la soirée a conduit les participants à affirmer que tout cela ne pouvait qu’inciter à choisir avec la plus grande attention celles et ceux à qui nous donnerons nos suffrages ! Il est préférable d’éviter ceux pour qui la région ne serait qu’un tremplin passager vers l’aspiration à de hautes fonctions au niveau national, ou à l’autre extrême une récompense de fin de carrière politique pour des personnes écartées du pouvoir.

Double responsabilité des électeurs et des candidats, face à un monde complexe et à beaucoup de questions à résoudre, on voit qu’il y a bien de véritables enjeux dans les prochaines élections régionales !

Jean-Michel Tesseron (pour le Bureau de Paroles A Venir)

Je vous invite à poster un commentaire (ci-après) à ce compte rendu, pour l’améliorer, pour le compléter (je n’ai pas pu tout traiter), et pour faire part de vos réactions et points de vue.

Pour en savoir plus sur les grandes dates de la Région Ile de France, sa mission et ses compétences, cliquer sur le lien suivant :
http://www.iledefrance.fr/missions-et-competences/lile-de-france/un-peu-dhistoire/1956-2009-lile-de-france-en-10-dates/

11 janvier 2010

20 janvier, rencontre "actualité" : un Conseil Régional ?

A Paris comme partout en France, les élections régionales se profilent puiqu'elles se dérouleront les 14 et 21 mars prochains ! Que se passe-t-il au sein d'un Conseil Régional ? Quelles sont ses compétences ? Quelle est son organisation ? Et encore bien d'autres questions !

C'est pourquLoicGandaisoi il nous a semblé intéressant de proposer une rencontre « actualité » avec un "acteur" (!) qui connaît de l'intérieur le Conseil Régional d’Ile-de-France puisqu'il y travaille !

A partir de son expérience (réhabilitation de l’habitat privé), Loïc Gandais viendra nous parler des missions d’un  Conseil régional. Nous pourrons ainsi découvrir, et mieux comprendre ce qu’est concrètement une politique régionale et donc les enjeux des élections à venir. Au-delà bien sûr des opinions politiques de chacun !

Pour préparer un peu cette rencontre, vous pouvez aller faire un tour sur le site du Conseil Régional (le lien avec celui-ci est en bas, colonne de gauche, rubrique « préparer les rencontres à venir »). Il y a une présentation interactive de ses domaines d'intervention très concrète et très bien faite (à notre avis !).

Vous pouvez aussi un peu mieux cerner l'action du Conseil Régional en matière de logement en découvrir par exemple les différentes aides qu'il peut apporter (habitat individuel ou collectif, privé ou social) : AidesLogementIdeF. Quant à notre invité, Loïc Gandais, voici comment il a eu l'occasion de présenter les politiques préventives du Conseil en matière d'habitat privé insalubre : ActionLogementConsRegIdF

 

Mercredi 20 janvier, 19h30-21h30,  20, rue Pirandello 75013 Paris

Venez, et comme d'habitude, invitez ! PaVInvitConsReglIdF

18 décembre 2009

Rencontre du 15 décembre 2009 sur les Mineurs Isolés Etrangers

Mineurs isolés étrangers en France

Le 15 décembre dernier, Paroles A Venir accueillait Dominique Habiyaremye, de l’Association Enfants du Monde – Droits de l’Homme (EMDH) pour témoigner sur la situation des mineurs isolés étrangers en France et sur l'action d'EMDH.


Mineurs1L’Association EMDH a été fondée en 1986 par un prêtre, Yves Buannic, et deux avocats, Monique Brioudes et Daniel Voguet. Dominique Habiyaremye y est responsable du Centre Enfants du Monde (CEM), situé au Kremlin Bicêtre ; ce centre a été créé en juin 2002 à la demande du Secrétariat d'Etat pour la Lutte contre l'Exclusion et la Précarité, face à l’arrivée en nombre important de mineurs isolés étrangers en Ile de France (coordonnées EMDH et CEM : voir en fin de ce compte rendu).

Mineurs2

Qui sont les mineurs isolés étrangers en France et d’où viennent-ils ? Dominique Habiyaremye explique que les situations et parcours sont très variés. Venus d'Asie, d'Afrique, du Moyen-Orient, les jeunes ont quitté ou fui leur pays dans l’espoir de jours meilleurs, en affrontant souvent beaucoup de dangers pour rejoindre la France ; dans notre pays, ils sont confrontés à de nouveaux dangers, se retrouvant à errer dans les rues à la recherche d’un abri et d’une aide, livrés à eux-mêmes sans argent ni connaissance de la langue française. La plupart sont mandatés par leur famille (qui s’est souvent lourdement endettée pour organiser leur départ) dans l'espoir de travailler en Europe et subvenir aux besoins familiaux. Certains fuient la guerre dans leur pays où ils sont menacés physiquement ou bien risquent d’être enrôlés de force comme combattants dans des groupes armés, malgré leur âge. D'autres sont victimes de traite, de réseaux de prostitution ou contraints de travailler dans des ateliers clandestins, et leur situation en fait des cibles faciles.

Dans un colloque récent tenu à l’Hôtel de Ville de Paris, tous les acteurs insistaient sur l’afflux croissant de ces jeunes mineurs et sur la nécessité d'améliorer le dispositif d’accueil, de prise en charge et de protection. A peu de jours d’écart, Dominique Versini, Défenseure des enfants (elle a été nommée à ce poste par un décret de 2006 du Président de la République), déplorait dans un entretien à un journal que les lois répressives votées récemment en France menacent les principes de la Convention Internationale des Droits de l’Enfant, et son poste est mis en cause par un projet de loi.

Que fait le Centre EMDH du Kremlin Bicêtre lorsqu’il accueille un mineur isolé étrfrance_coursanger ? Dominique Habiyaremye a souligné qu’il est d’abord important de comprendre le parcours du jeune, et d’essayer de le rassurer (cela n'est pas facile car bien des points de son passé l'incitent au contraire à être très méfiant). Pour cela, le travail se fait avec une équipe spécialisée pluridisciplinaire, dont les membres parlent 24 langues et dialectes et connaissent bien la culture et les situations géopolitiques des pays concernés. Cela aide à comprendre la situation du jeune, qui est souvent compliquée, pour ensuite pouvoir développer avec lui un parcours de vie individualisé et adapté à ses capacités.

Mineurs4Bien des facteurs rendent la situation difficile à comprendre et à régler, dès l’arrivée du jeune puis au fil des années : défaut fréquent d’état civil et de papiers, relation ou absence de relation entre le jeune et sa famille, travail complexe avec les administrations pour pouvoir le faire accéder au statut de mineur, accès à la scolarisation face au défaut d’accord parental formalisé, devenir du jeune en fin de scolarisation, sortie du statut de mineur avec application de nouvelles dispositions venant remettre en cause voire détruire ce qui a été construit les années précédentes, confrontation au chômage… Un point fondamental dès le début de l’accueil du mineur est d’entretenir ou de retrouver le lien familial entre lui et sa famille, afin de faciliter les procédures administratives dans le pays natal (établissement de l’état civil principalement), et d’encourager le jeune dans une vraie dynamique de projet en disposant du soutien moral de sa famille.

La réunion s’est achevée par un échange de questions et réponses . Notons un pSSC_0184oint important qui peut concerner chacun : que faire si l’on rencontre un jeune isolé mineur ? Dominique Habiyaremye a recommandé de l’accompagner au Service Social, ou d’appeler les Associations telles qu’EMDH, ou bien de l’emmener directement à l’Aide Sociale à l’Enfance (76-78 rue de Reuilly dans le 12ème arrondissement, près de la station de métro Montgallet).

 

En fin de réunion, il a été demandé au témoin comment il est possible, pour lui et les membres d’EMDH, de vivre au jour le jour sur le plan humain cette bagarre contre les procédures et les difficultés. Pour Dominique Habiyaremye, la réponse est claire : « Il est vrai qu’on pourrait se demander comment tenir face à des situations bloquées et comment on va pouvoir s’en sortir ! Mais, si on ne l’avait pas fait, que seraient devenus les 1545 enfants qui ont été accueillis à Enfants du Monde ? Tant que la situation de ces jeunes est ce qu’elle est, il faut être à leurs côtés, et se battre, car malheureusement si on ne se bat pas on n’a rien ».

Vous trouverez plus loin comment pouvoir participer à votre mesure à cette action.

Jean-Michel Tesseron (pour le Bureau de Paroles A Venir).

 

Centre Enfants du Monde (CEM) du Kremlin Bicêtre
Centre Enfants du Monde
21, place Victor Hugo
94270 Le Kremlin-Bicêtre
Tél : 01 43 90 47 70 Fax : 01 45 21 49 76
Mail : contact.paris@emdh.org

Le Centre Enfants du Monde constitue la mission d’hébergement d’urgence mise en place par Enfants du Monde – Droits de l’Homme en région parisienne.

Association EMDH (Enfants du Monde – Droits de l’Homme)
Site internet (outre la mission et l'action et l'organisation d'EMDH, il présente les droits de l'enfant) : http://www.emdh.org/

On y trouve aussi les moyens d’aider l’Association EMDH :
- adhérer à l’association (adhésion 46€)
- faire un don
- donner de son temps, en devenant bénévole ou en rejoignant un comité local
- devenir une entreprise partenaire
- acheter solidaire

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